Les collectivités locales, au premier rang desquelles figurent les communes et les Communautés de communes, consacrent actuellement leur énergie à la préparation de leurs budgets et viennent de présenter leurs orientations budgétaires. Sur l’ensemble du territoire national, par-delà toute sensibilité politique, l’heure est à l’inquiétude.
Bien évidemment, nul ne conteste la nécessité de réduction des déficits publics que s’est fixé le gouvernement. Ce mouvement est engagé de longue date dans notre gestion quotidienne locale. Il est donc naturel et normal que la source de dépenses publiques que représentent les collectivités locales partage cet effort global.
Personne ne méconnaît désormais la gravité de la situation des comptes publics qui impose des choix difficiles. Mais là, force est de constater, que la marche proposée par la majorité est beaucoup trop haute. Pour certains inatteignable.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. L’Etat a décidé brutalement, en l’absence de toute concertation, de réduire de 30 % le montant des dotations versées aux collectivités locales pour la période 2014-2017. En moins de trois exercices, 28 milliards cumulés manqueront dans leurs recettes.
Il faut prendre la mesure de ce que représente l’impact économique de cet effort démesuré, alors que 70 % des investissements publics sont portés par les collectivités locales.
Moins d’investissement, c’est évidemment un problème pour les communes et les Communautés de communes. Mais c’est surtout un gros problème pour l’emploi local, l’économie locale, les entreprises de nos territoires…. et au bout du compte pour l’économie nationale et la croissance de notre pays.
Quoi de plus normal que cet état d’esprit gagné par l’inquiétude, la préoccupation, voire même l’angoisse.
Car derrière les chiffres, il y a la vie quotidienne de nos concitoyens, de nos voisins, de nos amis. Derrière les chiffres, il y a une multitude de services de proximité : ce sont nos écoles, nos crèches, nos cantines, les centres d’action sociale, nos zones d’activités, nos stades, nos déchets triés et collectés, nos maisons de retraite… C’est tout le tissu associatif qui sera impacté également par ces mesures. Les associations vont être touchées, comme l’ensemble des acteurs de proximité, directement, alors qu’elles remplissent des missions essentielles auprès des habitants.
Derrière les chiffres il y a aussi nos zones rurales qui font la richesse de la France, nos territoires de proximité, à la qualité de vie unique, mais déjà lourdement frappés par le retrait de l’Etat, dans bien des domaines et depuis plusieurs années.
Et derrière les chiffres, il y a aussi la réalité d’une mise en danger des comptes de nos communes et de nos Communautés de communes.
Rien de plus utile, en ces circonstances particulières, que d’illustrer notre propos à l’appui d’exemples très concrets (cela présente en outre le mérite d’éviter toute tentation démagogique).
Pour Sarlat. En 2001, la dotation globale de fonctionnement allouée par l’Etat à la ville s’élevait à 1 589 187 euros. Entre 2001 et 2012 (en 11 ans), elle sera passée de cette somme à 1 722 169 euros soit une progression de + 8,3 % (+ 133 000 euros, ce qui n’est pas rien).
En 2013, elle est légèrement descendue à 1,721 million d’euros (-0,05 %) puis à 1,568 million d’euros (-8,86 %) en 2014, et sera ramenée cette année à 1,258 millions d’euros (-20 %). Par avance il est annoncé qu’elle passerait à 948 000 euros en 2016 puis à 638 000 euros en 2017.
Au total entre 2013 et 2017 nous assisterions donc à une baisse record de la dotation globale de fonctionnement pour Sarlat de 1,1 million d’euros cumulés, soit -63 %.
A méditer pour mieux mesurer les difficultés des collectivités locales et appréhender les orientations budgétaires 2015 dont nous aurons l’occasion de parler de nouveau.
Franck Duval.( article paru dans l’essor sarladais du 02/04/2015)