Le rassemblement des régions et des départements de France mais aussi le Congrès des Maires et Présidents d’intercommunalités se sont dernièrement tenus dans un climat de défiance sans précédent entre les élus locaux et le gouvernement. Jamais le nombre de Maires démissionnant en cours de mandat n’a été aussi élevé, 18 en Dordogne depuis 2014.
Le renouvellement général en 2020 nous réserve sur ce point une situation inédite avec des élus locaux par milliers décidant de jeter définitivement l’éponge (48,9 % des Maires de France envisagent de ne pas se représenter en 2020, sans parler des adjoints et conseillers). C’est le symbole à vif d’un profond malaise.
Cette situation ne laisse pas d’inquiéter sur le bon fonctionnement de notre démocratie et révèle un état d’esprit d’abandon chez grand nombre des élus locaux.
C’est surtout une perte d’expérience de la gestion locale, une perte de connaissance du fonctionnement de nos communes, de nos intercommunalités, et au bout du compte un désengagement de tous ces « serviteurs de la République » usés et désorientés par l’ensemble des difficultés qui pèsent sur chacun de nos territoires.
Ce n’est pas en passant les collectivités locales « à la lessiveuse » que l’on construira la France de demain, tant nos communes et leurs groupements sont les piliers de notre pays, car c’est là et nulle part ailleurs que s’expriment la proximité et la solidarité.
Ce n’est pas que la sonnette d’alarme n’ait pas retentie à de nombreuses occasions. A commencer par plusieurs années de lecture comptable et budgétaire de la gestion des moyens affectés aux territoires. Plusieurs milliards d’euros de dotations aux collectivités purement et simplement supprimés, chaque année, depuis 2007. Imaginez-vous, la seule ville de Sarlat aura perdu 3,8 millions d’euros de concours de l’Etat entre 2007 et 2018 !!!
Que dire des mariages forcés entre syndicats, entre communes mais surtout entre intercommunalités, sans aucune logique territoriale ou de projets et bien souvent contre l’avis des habitants et des Maires concernés (quand ils sont consultés…).
Comment accepter toutes ces suppressions de postes dans l’éducation nationale, ces fermetures d’école, de services publics…. qui vident certaines communes rurales.
On pourrait également longuement évoquer l’explosion des charges administratives pesant sur les élus, la lourdeur de la tâche avec des normes toujours plus drastiques et d’une complexité croissante, une technicité galopante avec le sentiment de dépossession qui va avec…
De tout cela, le gouvernement ne peut rester silencieux. Être à l’écoute des forces vives de la France que représentent les élus locaux comme des habitants de nos campagnes est devenu une impérieuse nécessité. C’est à ce prix, et à ce prix seulement, qu’ensemble nous pourrons rebâtir des liens de confiance.
( paru dans la presse locale du 28/02/2019 )