Depuis 2014, les exercices budgétaires se suivent et se ressemblent douloureusement. Jusqu’où « nos élites » parisiennes pensent-elles conduire les collectivités locales, surtout les petites communes rurales ?Sur le principe, nul ne conteste la nécessité de réduction des déficits publics. Ce qui fait débat, suscite l’inquiétude, voire même une exaspération et un rejet massif, c’est la méthode qui consiste à pointer en permanence du doigt les communes, départements, ou régions, à leur faire porter l’entière responsabilité des dérives budgétaires, à leur imposer, sans aucune discussion possible, une cure de minceur en les privant, sur la période 2014/2017, de 30 milliards d’euros de dotations de l’Etat.
Stop ! Quand c’est trop, c’est trop. Si le but recherché était d’asphyxier les communes, on ne s’y prendrait pas autrement…
Sur l’ensemble du territoire national, par-delà toute sensibilité politique, les élus locaux, dans une rare unanimité, tirent la sonnette d’alarme. Et, à l’heure où s’engage le débat de fond des élections présidentielles, où certaines propositions peuvent légitimement renforcer les craintes, à l’heure où les collectivités viennent d’adopter leurs budgets 2017, il est plus que jamais indispensable d’ouvrir les yeux et de dire tout haut, ce que beaucoup pensent tout bas.
Dès qu’il s’agit de préparer un budget municipal, la quadrature du cercle n’est jamais facile à atteindre. Mais aujourd’hui, il faut l’avouer, on accède à des sommets.
Pour en juger, un exemple suffit à comprendre : celui de la ville de Sarlat.
Alors que la principale contribution financière de l’Etat à la commune, la dotation globale de fonctionnement (DGF), était de 1,7 million d’euros en 2013, celle-ci est ramenée à 659 000 euros en 2017 : soit une baisse de 61,70 % !!
En cumulé, entre 2013 et 2017, Sarlat aura donc perdu une recette totale de 2,8 millions d’euros. Sachant qu’un point de fiscalité équivaut à 80 000 euros, il aurait donc fallu augmenter de 35 % les impôts locaux, rien de moins, pour compenser cette lourde perte !!
Impensable, bien évidemment. Qui pourrait l’accepter.
Nous aurions pu, comme certains départements ou certaines communes, augmenter brutalement de 9, 12 voire même 23 % les impôts locaux pour amoindrir le choc. Tel n’a pas été notre choix, bien au contraire. Après 0 % de hausse en 2013 et 2014, 2,5 % en 2015, 1 % en 2016, nous avons retenu une progression limitée à 1,5 % en 2017.
Ardents partisans de la modération fiscale, avec les services municipaux et l’ensemble de l’équipe municipale, notre action s’est portée prioritairement sur la recherche permanente d’économies de fonctionnement : diminution des dépenses courantes ; mise en concurrence sur tous les marchés ; non remplacement de plusieurs postes à la suite de départs à la retraire ; mutualisation de services municipaux ; partages de compétences ; renégociation de certains emprunts bancaires ; rationalisation d’équipements collectifs….
Bien entendu, dans ce contexte financier extrêmement tendu, les décisions ne sont pas faciles à prendre. Préserver les ménages est notre préoccupation permanente.
Nous faisons preuve d’initiative, d’inventivité mais aussi de rigueur dans notre gestion des finances en n’oubliant pas, que derrière nos services publics il y a surtout des services pour les sarladais : écoles, cantines, associations, aide sociale, transports, culture…. Autant de services participant à notre qualité de vie et que nous tenons à préserver et déployer. En n’oubliant, pas non plus, que les investissements indispensables à notre développement économique, commercial et touristique, doivent être encouragés et renforcés (extension de la zone d’activités économiques ; travaux de redynamisation urbaine ; pépinière d’entreprises ; réalisation d’une structure d’accueil du tourisme d’affaire….).
Mais n’est-il pas paradoxal de demander aux élus locaux de poursuivre leurs efforts de maîtrise des dépenses de fonctionnement alors que dans le même temps, les collectivités doivent supporter les transferts de l’Etat, sans aucune négociation ni compensation financière : une année le transfert de la compétence urbanisme ; une autre l’augmentation des cotisations sociales employeur ; ou encore l’instauration des fameux rythmes scolaires qui aura coûté, à la seule ville de Sarlat et à ses administrés, la bagatelle de 150 000 euros….
Faites ce que je dis, mais pas ce que je fais ! Il devient plus qu’urgent que l’Etat cesse de reporter sur d’autres ce qu’il est incapable de faire lui-même, qu’il prenne conscience qu’il est allé beaucoup trop loin ; mais surtout qu’il touche directement, depuis plusieurs années aux poumons de la France, ses communes rurales, dont la respiration est devenue haletante.
Philippe Melot, Adjoint aux finances /Franck Duval, Adjoint à l’économie touristique et à la communication /Marlies Cabanel, Conseillère Municipale déléguée aux finances